AIMONS-NOUS les autres
Extrait du texte de Franz-Olivier Giesbert, écrivain et journaliste
tiré du n°47 de 100 photos de National Géographic pour la liberté de la presse
L'animal est une personne, pour nos soeurs et frères les bêtes, Franz-Olivier Giesbert, Fayard, 2014
De ce côté de la terre, c'est Saint François d'Assise qui, le premier, eut la bonne intuition en parlant des animaux comme de nos frères et nos soeurs. L'un des grands génies de l'histoire de l'humanité, Charles Darwin, a tout dit, ensuite, quand il distingua, à l'intérieur du même monde animal, les animaux humains et les animaux non-humains.
C'est pourquoi on n'enlève rien aux animaux humains quand on éprouve de la compassion pour les animaux non-humains. Ou de la fascination. Ou encore de l'admiration. Il n'est que temps que nous en finissions avec nos complexes de supériorité et que nous descendions de notre pieddestal pour redécoucrir le monde du vivant dont nous nous étions, à tord, retranchés.
S'il peut y avoir de l'animal en nous, il y a aussi de l'humain en eux, comme le prouvent beaucoup de photographies. Nous y retrouvons, la même sensualité, le même désarroi ou la même profondeur de regard.
Au cours des dernières decennies, la science n'a cessé de nous apprendre à quel point nous ressemblions aux animaux sur le plan de l'intelligence, des sensations ou des émotions. Le rire n'est plus le propre de l'homme, comme on l'a longtemps cru. Les singes et les chiens rient, les rats aussi, notamment quand on les chatouille. Les cochons, qui se reconnaissent dans les miroirs, sont dotés de cette conscience de soi que l'on croyait réservée à nous autres humains seulement. Les poissons souffrent. L'empathie est communément partagée par la plupart des espèces animales, par les éléphants, bien sur, et même par les chauves-souris. Sur le plan de l'entraide, nous ne perdions rien à nous en inspirer.
Nous avons trop longtemps cru Descartes qui comparait les animaux à des machines ou Kant pour qui ils étaient comme des pommes de terres. Aujourd'hui, l'animalophobie est une valeur à la baisse dans un monde qui a de plus en plus les yeux tournés vers l'Asie où les philosophies ou les religions célèbrent l'unicité du vivant. Quand on a peur des bêtes, c'est qu'on a peur de nous. Quand on les aime, c'est qu'on s'aime aussi...