Les résultats du test du Xpro1 de chez Fujifilm
Test réalisé pour le Magasin Germain photo
Comme vous devez déjà le savoir, mon métier est composé de deux parties : le travail « simple » allant du mariage au corporate en passant par l’architecture, les congrès, et le travail engagé dans l’humanitaire et l’aide au développement, avec une approche sous forme photoreportage d’intégration. C’est pour cette partie de mon activité que le problème de la taille du boitier et de sa discrétion s’est posée. Actuellement je travaille au D810 et D800e, pour des raisons d’approche humaine j’ai toujours « exité » les boitiers de type D3-D4 ainsi que les focales longues mais un D810 équipé d’un 50mm reste encore, dans certains cas complexes trop «imposant » et donc intrusif.
Photographie extraite du reportage réalisé à Calais sur les personnes migrantes et réfugiées. Travail d'intégration et d'analyse. Réalisé au D810 + 50mm
C’est pour le magasin Germain photo que j’ai rencontré la marque Fuji lors de leur tours de France 2016. Ils présentaient alors le Xpro-2, leur dernier né de la gamme pro. N’ayant pu le tester que quelques minutes et dans un cadre bien définit je ne m’avancerai pas encore sur ce boitier.
Le boitier qui nous intéresse aujourd’hui est son prédécesseur, le Xpro1, avec l’arrivée de la version 2, le 1 va arriver plus officiellement dans le marché de l’occasion. Vendu alors neuf entre 1500 et 1800 euros le Xpro-1 peut se racheter en occasion entre 280 et 400 euros avec un 35mm F/1.4. Le couple objectif-boitier que j’ai emmené en Bretagne sera revendu entre 300 et 400 euros car en excellent état (même après mon passage ! oui oui je vous assure !). A savoir, maintenant, si ça vaut le coup de mettre 300-400 euros dedans !
Première prise en main
Je venais de rendre le X100T au magasin, passer sur le Xpro1 fut une véritable bonne surprise dans la première prise en main, le boitier est relativement léger mais pas trop, ce qui le rend stable. Le boitier tout métal est très agréable et donne une impression de robustesse (Renaud au magasin m’avait demandé de ne pas tester sa robustesse alors je me suis abstenu…), le par soleil en métal est une excellente idée, dans des conditions de reportage c’est idéal : le métal, lors d’un choc, ça se plie et ne se casse pas !
Les bagues de réglages
La bague de diaphragme se réglant « à l’ancienne », c’est sympa, relativement pratique mais je n’y trouve pas, en reportage un véritable intérêt pratique. (L’idée de fuji étant de dire que cela permet de voir de suite sur quoi on est réglé… sauf que pour moi, on est censé être capable de mémoriser nos réglages !). Le pire pour moi a été par contre la prise en main de la bague des vitesses. Lorsque l’on est exposé à de fortes variations d’ambiances lumineuses, la bague n’est pas évidente à tourner rapidement. Quand on a le temps son look vintage plait mais quand on ne l’a pas… il agace… Par contre le réglage au pouce de la vitesse précise (par exemple entre 1/500s et 1/1000s) sur le pad arrière est très agréable et pratique à utiliser.
Le viseur
Le viseur est très clair et dégagé, j’ai adoré l’utiliser en mode optique simple. Bien sur il manque de précision surtout lorsqu’on est proche du sujet, pour le portrait notamment. On se fait piéger les premières heures d’utilisation mais après on en tient compte intuitivement. Le viseur étant prévu pour le plus grand angle, un carré déterminant la focale (35 en l’occurrence) définit le champ prit en photo, les marges au bord sont très pratiques pour avoir un œil sur les environs proches de l’image.
L'auto-focus
L’auto-focus, est relativement lent et surtout les collimateurs de Map sont assez imprécis, pour le portrait par exemple, cela peut vraiment poser problème. Pour nuancer le propos, l’erreur est toujours un peu la même et je pense qu’en apprenant à vraiment connaitre son couple boitier-objectif on peut, à force, apprendre à faire les bons choix stratégiques pour compenser cette erreur régulière.
La vitesse d’écriture des fichiers
Je ne suis pas partisan de la photographie en rafale, au contraire même… donc normalement, les vitesses d’écritures sur les cartes mémoires me préoccupent que peu. Le souci que j’ai eu avec le boitier c’est qu’il pouvait mettre jusqu’à 4 secondes pour écrire un fichier RAW sur ma carte mémoire (SDHC 633x). Beaucoup trop long ! Surtout en conditions de reportage. Le buffer de l’appareil étant assez léger, il refuse assez rapidement de prendre des photographies. J’ai loupé plusieurs photographies de la côte à cause de cela.
Réactivité au déclenchement
En activant le mode de démarrage rapide, le boitier démarre au quart de tours, « presque » tout le temps. Malheureusement une fois de temps en temps il semble oublier que j’avais besoin de lui… tout de suite et pas quand il avait décidé (1 seconde plus tard en moyenne). Résultat : photographies de rues, portraits ou encore photographies de vagues projetées sur un phrase breton passées à l’as !
Autonomie
Pour ce qui est de l’autonomie, elle est plutôt honnête, j’ai pu réaliser des journées complètes de photographies (environ 500-600) sans être à court de batterie. Bien sur cela sans regarder mes images tout le temps sur l’écran et en utilisant le viseur optique plutôt que la visée électronique. C’est un bon résultat quand on sait que les réflex d’entrée de gamme poussent au même résultat sans alimenter leur capteur APSC en continu !
Montée en sensibilité
Bonne surprise aussi de ce côté ci : la monté en sensibilité jusqu’à 3200 ISO, sur un fichier RAW se fait vraiment bien. La dynamique reste correcte et le bruit plutôt bien contenu par le capteur. La dessus rien à redire. Sur les JPEG, la montée en sensibilité est plutôt parfaitement maitrisée jusqu’à 1600 ISO, elle se dégrade un peu à 3200 mais reste raisonnable.
Les fichiers JPEG et les simulations de films
Sur le X100T, les fichiers JPEG étaient plutôt très bons, surtout par rapport aux RAW générés par le boitier. Dans le cas du Xpro 1, les fichiers JPEG sont plutôt bons aussi mais l’écran arrière étant franchement moins qualitatif, surtout en extérieur, les réglages des fichiers JPEG (couleurs, netteté, saturations, traitement croisés etc…) s’avèrent un peu délicats car pas de moyen sur de les vérifier en direct.
Les fichiers RAW
Le logiciel utilisé pour le traitement des RAW a été Lightroom 6.4. Une fois de plus, je ne m’explique pas la lenteur du chargement de ces fichiers Fuji dans un des logiciels les plus polyvalents au monde… comme pour le X100T, le temps de chargement est 4 à 5 fois plus lent que pour les fichiers d’un D810 ou D800e Nikon…
Une fois cette phase passée, les corrections se passent plutôt bien dans l’ensemble, une dynamique de reprise plutôt correcte, pas folle, mais correcte. Attention toutefois, les bleus ont tendance à se saturer plus vite que les rouges et verts, est-ce lié à la technologie du capteur ? A voir…
Le résultat obtenu avec les RAW est plutôt satisfaisant. Les fichiers issus d’un capteur X-trans ne se traitent pas du tout comme ceux issus d’un capteur CMOS classique, les densités de chaque couleur lors d’une conversion en noir et blanc par exemple ne se gèrent pas du tout de la même façon. Il faut un peu de temps pour en tirer le maximum.
Le bilan
Ce que j’ai aimé :
- Le viseur clair et dégagé
- Les fichiers RAW honnêtes
- La prise en main du boitier, la sensation de robustesse
J’ai été déçu par :
- L’optique 35mm F/1.4, relativement peu qualitative
- L’AF trop lent et trop peur précis pour un boitier de rue ou de reportage de cette génération et à ce prix
- L’écran arrière trop peu qualitatif
- la lenteur de l'écriture des fichiers : indigne d'un boitier de cette gamme
Ce XPRO1 de chez fuji est un appareil au look vintage agréable à utiliser dans l’ensemble, les fichiers qu’il génère sont tout à fait exploitables pour une utilisation semi-professionnelle ou experte. Cependant il lui manque quelques petites choses pour mériter une véritable utilisation professionnelle ou réellement efficace. Vendu actuellement entre 300 et 400 euros sur le marché de l’occasion il représente cependant une occasion à l’excellent rapport performance-qualité/prix. Pour ma part j’attends de voir si le XPRO2, son prédécesseur, à priori exelent, comblera ses incohérences.